Bonjour cher humain, Quelques pensées tandis que le magnolia de notre jardin est en fleur. 1. Needcompany se porte mieux que bien d’autres choses dans le monde. Nous avons du travail et, de surcroît, nous travaillons avec conviction, durement et impitoyablement, et nous sommes appréciés. Nous avons aussi reçu du temps. Il n’y a pas beaucoup de gens qui reçoivent du temps. Ce temps, nous le passons par conséquent avec précision. Avec un grand sens du détail. Car faire de l’art, c’est toujours affaire de détails. Nous savons depuis longtemps que les œuvres d’art sont patientes, et qu’elles se fichent d’être célèbres ou non. Que les œuvres d’art se soucient peu d’être incomprises. Et c’est pourquoi nous sommes confiants. Mais aujourd’hui, le monde se retrouve dans une étrange accélération. La lenteur des œuvres d’art est accueillie par des rires moqueurs. Il faut que ça rapporte! Il faut obtenir des résultats! Il faut que ce soit immédiatement et toujours compris! Il faut que ce soit engagé ! Voilà où nous en sommes. C’est Rilke qui disait qu’il existe toujours un grand écart entre le grand art et l’époque où il a vu le jour. Les œuvres d’art sont des choses futures. Mais qu’arrive-t-il si ce futur est pris de vitesse? 2. Paul Valéry dit que le souvenir est la flamme qui survit au carburant. La mémoire est la demeure de ce souvenir. En fait, l’art est toujours un élément d’un souvenir. Plus le souvenir est limité, plus on pense qu’il s’agit d’une nouveauté. Lorsqu’on pense qu’il s’agit de quelque chose de nouveau, il s’agit le plus souvent d’un manque de connaissance de ce qui existe. Le théâtre est peut-être le seul médium qui ne peut pas, lors de sa représentation, tenir compte de l’histoire du souvenir. Le théâtre est peut-être un médium sans mémoire, et c’est peut-être pour cela qu’il est si trivial. Au mondialement célèbre – ne boudons pas notre fierté – Kaaitheater, le très attachant Hans Ullrich Obrist a dit que nous devons archiver le time based art. Je comprends cela, et c’est d’ailleurs ce que nous faisons, mais je sais que ce n’est qu’une tentative de camoufler la vérité. 3. Bruxelles. Mais que se passe-t-il avec cette ville? Sur le plan culturel, les perspectives ne sont pas bonnes. Le Kaaitheater a été rappelé à l’ordre, la Monnaie doit fortement réduire ses activités, Anne Teresa De Keersmaeker est mise sur la touche, alors qu’il y avait 1600 personnes (!) à l’ouverture au superbe Wiels, le KVS devient un centre de quartier, le parti le plus puissant de Flandre considère Bruxelles comme un machin gênant. Et tout cela alors que les salles sont pleines. Le Kunstenfestivaldesarts n’a pas encore commencé qu’il a déjà des listes d’attentes pour plusieurs représentations. D’après le même Obrist, cette ville est considérée dans le monde culturel comme la ville la plus importante d’Europe. C’est à Bruxelles que ça se passe. Et il y a des gens très bien qui travaillent d’arrache-pied pour cela, comme Paul Dujardin à BOZAR, Dirk Snauwaert au Wiels, Guy Gypens et Katleen Van Langendonck au Kaaitheater, et j’en passe. Mais pour combien de temps encore? 4. Comment ça, le KVS devient un centre de quartier? Jan Goossens est l’un des rares intendants qui, après avoir travaillé intensivement pendant une dizaine d’années, estime que ça a duré assez longtemps comme ça et, avec beaucoup de culot, passe la main de ‘son’ théâtre flamand. Respect. Dommage, par contre, que le conseil d’administration du KVS ait dû choisir un nouvel intendant sans aucune connaissance de cause et ‘à l’unanimité’. Quel dommage qu’ils aient ignoré les avis prudents des spécialistes du domaine. Quel dommage aussi que personne dans la presse n’aie posé de questions sur l’avenir du KVS. Ah oui, l’ensemble de la Needcompany a été officiellement proclamé meilleure troupe du monde. Ceux qui nous veulent peuvent venir nous chercher. JL | ||
Cela faisait 12 ans qu’un spectacle de Jan Lauwers n’avait plus connu sa première en Belgique, et Needcompany est fière de vous présenter la dernière création, Le poète aveugle, au Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles. Jan Lauwers prend pour point de départ les arbres généalogiques de ses performers, et sur base de leurs différentes nationalités, cultures et langues, il écrit une histoire nouvelle. Il remonte dans le temps de plus de mille ans pour parler d’identité dans l’Europe multiculturelle. Le poète aveugle parle de femmes à poigne qui jettent des pierres et se retrouvent sur le bûcher. D’un croisé dont l’armure coince aux entournures. Lauwers ressort des textes du dixième et du onzième siècle du poète syrien aveugle Abdel Al-Ma’arri et de la poétesse andalouse Wallada bint al-Mustakfi. Leurs œuvres évoquent un temps où les femmes étaient au pouvoir et où l’athéisme était une chose normale, où Paris était encore une petite ville de province et où Charlemagne était un analphabète notoire. Mais l’histoire est écrite par les vainqueurs. Par les hommes. Combien de mensonges, de rencontres fortuites et d’accidents de parcours ont déterminé l’histoire? Comment se meut un corps qui survit à toutes les époques? Après les représentations initiales à Bruxelles, le spectacle poursuivra son voyage vers les coproducteurs des KunstFestSpiele de Hanovre et du Künstlerhaus Mousonturm (Francfort), et il sera en septembre au Festival Internacional de Buenos Aires, où « La chambre d’Isabella » sera également au programme. En août, Le poète aveugle figurera au programme théâtral de la Biennale de Venise, et Jan Lauwers y donnera une masterclass. | ||
En juin, Needcompany ouvrira le festival Foreign Affairs aux Berliner Festspiele avec The Time Between Two Mistakes. Cette performance est un commentaire sur « The Empty Space » de Peter Brook et puise dans les archives de Needcompany. Les langages imagés de Grace Ellen Barkey et Jan Lauwers sont mis face à face, sous la guidance dramaturgique de la musique de Maarten Seghers. En même temps, le regard du spectateur, mais aussi le rôle de l’artiste dans la société, est interrogé et aiguisé. Pour cette grande fête, Needcompany invite une dizaine de performers occasionnels du monde entier.
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La tournée française de MUSH-ROOM, de Grace Ellen Barkey, sur une musique originale du groupe d’avant-garde The Residents, et de Incroyable? Mais vrai!, de Lemm&Barkey, se poursuit à Mulhouse, Revest-les-Eaux, Grasse et Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.
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Le solo What do you mean what do you mean and other pleasantries de Maarten Seghers a été sélectionné pour [8:tension] Young Choreographers' Series au Festival ImPulsTanz (Vienne). Maarten Seghers s’y est vu proposer une résidence. Son solo sera représenté au Schauspielhaus et il est nominé pour le Prix Jardin d'Europe.
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Rhythm Conference feat. Inner Splits de MaisonDahlBonnema est passé en février à Bergen (NO) et à Paris, et y a été bien reçu. En décembre 2015, ce spectacle passera au Monty (Anvers).
"Il est tentant de comparer l’expérience à un morceau de savon glissant qui échappe constamment aux mains du spectateur: à chaque fois qu’on pense enfin avoir prise sur le texte et sur ce qui se passe sur scène, ce qui nous est proposé prend une tournure inattendue. A cet égard, Dahl et Bonnema ont largement réussi le pari artistique qui sous-tend ce spectacle: ‘Nous disons non aux formes et conventions existantes, et nous cherchons le monstrueux et ce qu’on ne peut pas représenter, dans une tentative d’échapper à la pensée unique dominante du capitalisme’. " - scenekunst.no | ||
Needcompany accueille Toon Geysen en tant que nouveau collaborateur. | ||
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