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Chers amis,

Quelques réflexions après un été court et chaud.
- Si l’art est censé changer le monde, je plains le monde. Mais si les artistes ne veulent pas changer le monde, je plains l’art.
J’en parlais encore récemment avec Wajdi Mouawad, poète et créateur de théâtre qui a notamment écrit ‘Incendies’, une pièce importante. En tant que Libanais et réfugié chrétien, il est lui aussi, l’un des nombreux réfugiés à avoir développé une intéressante et belle carrière en Europe. Depuis qu’il est directeur de La Colline, l’un des plus grands théâtres de Paris, il reçoit des dizaines de propositions d’artistes qui souhaitent créer des spectacles remplis de solutions sur la Palestine, le Liban ou la Syrie. Là où les politiciens, journalistes, philosophes et chefs d’État se cassent les dents, les artistes résoudraient-ils tout? "Je n’y crois pas un seul instant," disait Wajdi, "la pensée poétique est trop sous-estimée et négligée."

- Depuis mon séjour en Chine et les conversations que j’ai eues là-bas sur l’art et l’espace public, mais aussi sur la dictature et l’influence qu’elle exerce sur les arts, j’ai changé de point de vue sur la relation entre art et société. J’ai suivi de près la polémique autour d’un boycott d’Israël. Je ne crois pas au boycott. Le boycott laisse sur le bord du chemin de nombreuses personnes de bonne volonté. Je suis actuellement en train d’écrire une pièce de théâtre suite à ma rencontre avec Elik Niv, un danseur et ancien soldat d’élite israélien. Ces dernières années et à plusieurs reprises, j'ai eu l’occasion de faire la connaissance d’artistes israéliens et ai notamment collaboré avec l’excellent Idan Hayosh. De par la stricte éducation juive, la rigueur et l'exigence de la formation militaire qu'ils ont reçues , ces hommes ont un regard totalement différent sur la société dans laquelle ils vivent et survivent. Ces artistes ont beaucoup à apprendre à un brave Flamand comme moi. Le Moyen-Orient cherche péniblement une manière de vivre ensemble, vu de l’extérieur, il est souvent difficile de comprendre qu'il puisse y avoir tant de haine. Il existe de nombreuses critiques justifiées à l’égard d’Israël et de sa politique d’occupation, mais un boycott par les artistes ne fait qu’apporter de l’eau au moulin du pouvoir. J’ai pu vivre (un peu) en Chine ce que cela signifie d'être artiste sous une dictature, la veille de l’ouverture de mon exposition au musée d’art contemporain, une délégation du musée est venue me demander de retirer quelques œuvres. Jusque-là, la collaboration avait été particulièrement ouverte et cordiale, mais alors que se passait-il? Ce jour-là, le président s’apprêtait à donner un discours très attendu sur sa vision de l’avenir de la Chine, nous avons craint l’éloge de la révolution culturelle et des millions de Chinois préparaient déjà leurs calicots à l’effigie de Mao et de Xi tel un retour aux années soixante-dix. Mon curateur craignait qu’ils ne ferment entièrement l’exposition. Le discours n’en finissait pas de se faire attendre. A quatre-heures du matin et après une attente interminable, le président fit son apparition télévisuelle, affirmant que la révolution culturelle avait été une erreur. Ce fut une explosion de joie dans le monde culturel. La même nuit, nous avons remis en place les œuvres retirées et à l’ouverture, des milliers de gens examinaient mes œuvres avec un regard critique, mais ouvert. Il y eut des débats sur la beauté et la dictature. Tout cela sous le nez de la commission de censure.

En Flandre, une fameuse polémique est née autour des ‘Tachtigers’, (la ‘Génération Quatre-Vingt’ des artistes). Je ne comprends pas le fossé que veulent créer certains journalistes entre les différentes générations d’artistes. (Ces vieux cons doivent crever, ils prennent des drogues pour tenir le coup, ils freinent toute forme d’innovation, ils se préoccupent de pouvoir plutôt que d’art, et ils ont un salaire mensuel qui permettrait à une jeune troupe de réaliser une production entière.) Moi-même, j'ai toujours oeuvré a ce que mon travail soit présenté aux plus larges publics possible. Pour cela, j’ai toujours réfléchi très intensément à la forme et au contenu. Si certains de mes spectacles attirent entre soixante et cent mille spectateurs, ce n’est pas parce que je suis assis sur un trône dans une tour d’ivoire, mais parce que j’ai toujours fait passer, avant tout le reste, la relation dialectique entre l’art et la société dans laquelle il est créé. Chez Needcompany, nous avons un salaire tout ce qu’il y a de normal, nous n’avons pas de pouvoir, et de nombreux jeunes artistes balbutiants franchissent le seuil de notre porte ouverte. Je n’ai jamais été naïf sur le plan politique, mais je continue à dire aux jeunes qui veulent se lancer qu’ils doivent, au minimum, avoir l’ambition de changer le monde. Cette ambition est là, en abondance, chez les jeunes générations. Ce que les journalistes tentent de faire en créant ce fossé entre les générations, est répréhensible. Cela ressemble aux gémissements réactionnaires - oh oui ! - de leur génération de politiciens qui, petit a petit, mettent aujourd'hui la main sur le pouvoir. Ceux-ci étaient trop jeunes pendant ces obscures années 80 et ne les ont vécus qu'inconsciemment, maintenant, ils sont effrayés par l'avenir et participe a la construction de murs. Ces critiques de théâtre qui nous ont demandé de mourir, je les renvoie à ‘ma’ Grace qui dit: "J'aime danser avec la mort, même si je la déteste."

JL

Lemm&Barkey présentent au steirischer herbst festival la première mondiale de leur dernier opus FOREVER, basé sur ‘Der Abschied’ de Gustav Mahler.

Lorsqu’on diagnostiqua chez Gustav Mahler une maladie cardiaque fatale, le compositeur écrivit à un ami: "I have lost everything I have gained in terms of who I thought I was, and I have to learn my first steps again like a newborn.". C’est dans cet état d’esprit que Mahler composa ‘Das Lied von der Erde’. Le dernier lied, ‘Der Abschied’ (‘L’Adieu’), l’une de ses œuvres les plus personnelles, reflète son état d’âme. Une lutte de l’homme avec sa condition mortelle, face à la nature qui est éternelle et se renouvelle sans cesse.

Avec son nouveau spectacle, FOREVER Grace Ellen Barkey pose les mêmes questions que Mahler: "Continuer à chanter la vie, encore et toujours, personne n’y arrive. La mort, ou plutôt la finitude des humains mérite elle aussi une chanson, une petite danse."

Le lied, avec l'orchestration, est chanté comme un souvenir, en toute intimité, par Maarten Seghers, soutenu par les danseurs Mélissa Guérin, Sarah Lutz et Mohamed Toukabri, et une nouvelle installation de Lemm&Barkey.

Après la première, le spectacle passera à Künstlerhaus Mousonturm (Francfort), Kaaitheater (Bruxelles) et CC Strombeek.
Lemm&Barkey présentent de nouvelles œuvres plastiques pour Made in Japan, l’exposition des curateurs Luk Lambrecht et Lieze Eneman pour Museumcultuur Strombeek/Gent au CC Strombeek, avec des œuvres de John Cage, Lucio Fontana, On Kawara, Jonas Mekas, Yoko Ono, Jiro Yoshihara, etc.
Le poète aveugle de Jan Lauwers & Needcompany vient de boucler une magnifique tournée d’été, et passera ces prochains mois à Concertgebouw (Bruges), Theater im Pfalzbau (Ludwigshafen), Toneelhuis (Anvers), Théâtre Garonne (Toulouse), Le Parvis (Tarbes) et Scène nationale d'Albi.

Quelques extraits de critiques:
"C’est ainsi que ce merveilleux collectif fait naître des mondes très particuliers, comme le faisait déjà à l’époque un certain Shakespeare." – tanzschrift.at

"De manière poignante, et avec des moyens pleins de fantaisie, Needcompany en appelle à la raison. Sans arrogance moralisatrice et sans prêcher les convertis. Une cascade d’applaudissements." – Der Standard

"Le poète aveugle de Jan Lauwers et sa Needcompany est une pièce splendide, qui rend à beaucoup de gens ce qui semblait perdu depuis longtemps: une soirée théâtrale enchanteresse, qui arrache le spectateur au présent et qui offre quelques heures au cours desquelles il peut complètement oublier sa propre biographie." – European-Cultural-News.com
Début octobre, Needcompany se verra offrir une carte blanche au Künstlerhaus Mousonturm: pendant deux jours, le public y sera immergé dans le monde merveilleux de Lemm&Barkey, Kuiperskaai, OHNO COOPERATION, Maarten Seghers, MaisonDahlBonnema, tout cela étant complété par des installations vidéo et des concerts.
En novembre, MaisonDahlBonnema présentera à DanseFestival Barents (Hammerfest) la première de The Moon, une installation de groupe en live avec Anna Sophia Bonnema, Hans Petter Dahl, Davis Freeman et Joana Preiss.

Dans The Moon, qui tient en réalité davantage de la représentation de chant que de l’opéra traditionnel, le corps retrouve sa vitalité inhérente et devient le point central d’un univers rituel. Tout en chantant ce qui s’apparente à un grand océan d’idées et de réflexions, les corps créent des motifs naïfs dans le temps et dans l’espace, qui peuvent faire référence tour à tour aux principes de l’art minimal des années 60 et aux danses de base des communautés utopiques du début du 20e siècle. En tant que performance, ‘The Moon’ met en images une croyance physique en l’abstraction, et entend ainsi dépasser les comportements figés des interactions sociales. L’espace d’un instant, le spectacle offre un coup d’œil sur un monde qui nourrit une foi partagée en la naïveté de la forme et en l’abandon inconditionnel à la représentation…
– Robert Steijn

Après la première, ce spectacle passera à Avant Garden (Trondheim), BIT Teatergarasjen (Bergen, NO) et De Brakke Grond (Amsterdam).
Jan Lauwers travaille avec Gonzalo Cunill, Juan Navarro, Romy Louise Lauwers et Inge Van Bruystegem sur une version franco-espagnole de Begin the Beguine, le dernier texte de John Cassavetes, qu’il a écrit juste avant sa mort. Cette allégorie sur l’amour et la mort connaîtra sa première au théâtre de Rodrigo García, hTh CDN-Montpellier.