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Bonjour à vous,

J'admire de nombreuses personnes. J'ai des héros qui m'inspirent. Les héros sont des gens qui refusent d'être une victime. Les héros sont souvent solitaires et imprévisibles. L'un de mes héros est décédé. Jan Grosfeld. Un ami très cher mais aussi, en tant qu'administrateur dans les coulisses de Needcompany, un interlocuteur précieux et intense. S'il m'arrivait de douter de l'utilité de l'art, il m'expliquait en détail que je ne devais pas emmerder mon monde et qu'il fallait travailler encore plus dur pour faire en sorte qu'avec Needcompany qu'on n'atteigne certainement pas notre but. Ce qui suit est l'éloge funèbre que j'ai prononcé à Amsterdam.


Il ne savait pas ce que l'art devait être, mais il savait très bien ce qu'il ne devait pas être. C'était un homme avec une grande foi en l'art contemporain, qui n'était pas d'accord avec Duchamp quand ce dernier disait que Dieu avait été remplacé par l'art mais que Dieu était quand même une meilleure idée. L'inutilité de l'art était pour lui le fertilisant d'une civilisation. C'était peut-être de grands mots, mais ils étaient nécessaires. C'était un homme de principe et il s'y tenait dans son art en paroles et en actes. Je vais vous raconter quelque chose sur sa période bruxelloise.

Au début des années 90, il voulait quitter les Pays-Bas calvinistes. Bruxelles, burgonde et catholique, était son objectif. Il planta un lit de camp à la Mccarthey dans mon atelier et y resta un an. Un atelier sans lumière du jour, dans une ville où tout le monde parlait français, une langue qu'il ne maîtrisait pas. Cette solitude a mené à ses plus belles œuvres. Le plus détruit: trop sensible. Les catholiques peuvent en faire des choses avec leur souffrance et leur mort. Une œuvre est accrochée depuis 25 ans déjà chez nous, au-dessus de la cheminée. Elle s'appelle "Hypocrite et mauvais". C'est un portrait de Mil Seghers, un acteur phénoménal, un ami et un cas désespéré. Lorsque Jan habitait dans mon atelier, Mil, qui vivait lui aussi quelque part dans le bâtiment, a tenté de se suicider à l'alcool. Jan et moi nous l'avons retrouvé sur son misérable canapé entouré de 44 bouteilles de gin vides. Cette image, Jan a pu la contempler sans sourciller. Jan aimait la vie et il vivait intensément, mais il pouvait comprendre que d'autres trouvent cela difficile et il en voyait la beauté. Il s'est retiré dans mon atelier et il a fait ce portrait à la gouache.

Son travail a toujours et très directement été lié avec sa propre réalité et ce qui lui arrivait. Il qualifiait même parfois ça de monomaniaque et de thérapeutique. Il utilisait des mots comme des images et avait horreur des concepts. Il écrivait ou, mieux, peignait des phrases qui offraient des possibilités. Jamais des réponses. Voici un extrait d'une interview avec lui dans les années 90, à l'époque où il était rentré aux Pays-Bas parce qu'il avait perdu presque tout son argent à cause d'un entrepreneur en bâtiment véreux.

"Lorsque Gretel, par exemple, demande dans son désespoir: 'Where do you go, Hansel', (Gretel est internationale), Hansel est déjà contre le corps chaud de la sorcière qui lui fait des œillades. Hansel, à son tour, peut faire deux choses. Il peut soit rentrer et se rendre compte que la sorcière est une pute, ou bien il peut décider de passer à travers et choisir une autre destination dans le vaste monde."

Cette citation, c'est du Jan pur jus. Car que devient Gretel alors, se demande-t-on tout de suite. Jan ne s'en préoccupe pas. Il ne peut rien faire du désespoir de Gretel. Le désespoir, c'est une perte de temps.

Et tout ça avec de la gouache. Il peignait avec ce que j'appelle "la peinture impossible". La peinture à l'huile n'était pas pour lui: on peut sans cesse la corriger. Avec la gouache, il ne faut pas avoir l'angoisse de l'échec, on ne peut pas cacher ses erreurs sous le tapis. Il plaçait la couleur bien dans les lignes, mais décidait fermement où devaient se trouver ces lignes. Chaque touche devait être la bonne. Chaque tache était étudiée. Il pouvait se casser la tête pendant des jours pour savoir quel papier collant endommagerait le moins le papier fait à la main. Il était obsédé par l'acidité de la colle. C'était sa vie: ça devait être juste et à sa manière. Dans ce sens, dans sa quête du vrai, il ne connaissait aucune pitié. Pour les autres et pour lui-même. Il compensait cela par une forme d'humour radical. De l'humour pour rendre supportable la vie à la frontière de la pensée. Mais jamais cynique. C'était trop un homme de principe pour ça.

Parfois il étudiait trop. Il savait trop. Il s'identifiait trop avec l'art qu'il portait dans son cœur. Il admirait beaucoup d'autres artistes. Il devenait alors ces artistes et savait leur expliquer ce qu'ils avaient fait. Il devenait Julian Schnabel et il allait casser des assiettes jusqu'à comprendre et faire un meilleur Schnabel que l'original... pour ensuite détruire cette œuvre.

On peut sans doute comparer l'éthique de travail de Jan avec celle des artisans japonais de la laque. Apposer 44 couches de laque avec une incroyable patience. Et puis, au tout dernier moment, une petite rayure, parce que ça ne peut pas être parfait. La perfection, c'est pour Dieu. Pour un agnostique comme Jan, il n'y avait pas de petit abandon.

Cette contradiction récalcitrante faisait de lui ce qu'il était: un artiste contre toute logique, mais avec une énorme connaissance des faits. Sans cet art, il comprenait difficilement la vie. La vie: ça devait être rangé. Mais ce maudit art, là, il fallait que chaque tache, chaque juron, chaque touche et chaque couleur signifie la liberté.

Lorsqu'il a compris qu'il ne pourrait pas atteindre cette liberté, il a arrêté ça, d'une façon impitoyable. En tout cas avec cette action qui tire l'art du virtuel. Mais il est toujours resté un artiste. Peut-être voulait-il suivre Duchamp, qui n'a pas travaillé pendant 25 ans et ensuite a à nouveau chamboulé le monde avec "Étant donné "? Je trouve que c'est une belle idée: quelque part dans son cerveau inondé de sang attendait une œuvre d'art qui aurait tout expliqué. Une œuvre qui dirait clairement pourquoi l'art n'existe seulement que par son échec.

Jetske, Jan, Grace et moi nous marchions cet été dans un parc bruxellois. À Grace, sa muse pour un temps, sa maîtresse pour la vie, il a dit: "Imagine que ça réussisse?" Elle l'a regardé et lui a demandé ce qu'il voulait dire. "Que ça, ça marcherait avec cet art?"

"Dramaqueen", lui a répondu Grace et elle l'a embrassé espièglement sur la bouche.

Merci, Jan.

JL

December Dance

Needcompany signe la programmation de December Dance 19, le festival brugeois annuel de danse contemporaine organisé par le Concertgebouw Brugge et le Cultuurcentrum Brugge. Grace Ellen Barkey, Jan Lauwers et Maarten Seghers ont composé une sélection originale en puisant à travers les différents continents, différents genres et différentes générations.

Needcompany ouvre et clôture le festival avec des premières et propose entre les deux le travail d'icônes confirmées et nouvelles venues de la danse contemporaine, de la performance et de la musique: William Forsythe, Marlene Monteiro Freitas, MaisonDahlBonnema, Sung-Im Her, Dana Michel, Miet Warlop, Wim Vandekeybus, United Cowboys, Mohamed Toukabri, Simon Lenski, George van Dam et Fouad Boussouf. Nos amis du Cinemaximiliaan ont répondu présent avec un combo chaleureux de ciné-concerts et de banquet en famille.

"C'est une période intéressante pour les arts. Il y a une énorme polarisation en cours. Pour December Dance, nous nous sommes fixé une seule mission: laissons-nous pour une fois choisir en fonction de l'art et pas de la fonction de l'art. Nous optons pour des artistes en qui nous avons une confiance aveugle." — Jan Lauwers

Grace Ellen Barkey ouvre le festival avec une première mondiale. Dans Probabilities of Independent Events, elle part de chansons pop et folk de Frank Zappa, Queen et d'autres icônes de la musique. Les arrangements et la direction musicale sont aux mains du compositeur Rombout Willems. Avec l'orchestre de Needcompany et 14 danseurs de la formation en danse du Conservatoire royal d'Anvers, ils montent une fête sur l'absurdité joyeuse, pleine d'humour et de radicalité.

Tout le bien de Jan Lauwers sera présenté pour la première fois en Belgique à Bruges. Cet autoportrait fictif entremêlé d'éléments autobiographiques raconte l'histoire du soldat israélien Elik Niv et la vie de Lauwers avec Grace Ellen Barkey et leurs enfants dans leur maison, une ancienne boulangerie et un lieu de travail, dans la maudite Molenbeek.
Regardez le nouveau trailer.

À ne pas rater non plus: Concert by a Band Facing the Wrong Way, la dernière création de Maarten Seghers. Dans ce portrait d'une bande d'artistes occidentaux qui courent tout droit inépuisablement on ne sait pas très bien s'ils fuient toute la misère du monde ou s'ils s'y précipitent. Après les représentations lors de notre EXPLO au MILL, maintenant pour la première fois dans un théâtre belge.

Le travail multidisciplinaire de Needcompany s'étend dans différents domaines. L'exposition collective Groetjes uit Molenbeek à la Poortersloge en est la parfaite illustration. Cette exposition rassemble une sélection de peintures, installations, sons et vidéos récents de Jan Lauwers, Grace Ellen Barkey, Maarten Seghers et OHNO COOPERATION. William Forsythe interviendra de manière unique. United Cowboys aussi.

En tournée

Needcompany sera entre-temps en tournée. Ainsi, la première espagnole de Tout le bien aura lieu à Séville les 8 et 9 novembre. Après sa première date en Belgique le 14 décembre dans le cadre de December Dance à Bruges, la dernière création de Jan Lauwers sera aussi à voir au Kaaitheater à Bruxelles les 8, 9 et 10 janvier et lors du festival Reims Scènes d’Europe les 8 et 9 février. La Chambre d'Isabella sera le 13 novembre à Vitoria. Et Le poète aveugle est à voir au NTGent les 20 et 21 novembre. Toutes les dates de tournée se trouvent dans notre calendrier.


Bruegel

Bruegel est le nouveau spectacle de Lisaboa Houbrechts et Kuiperskaai. Lisaboa Houbrechts a déjà mis en scène 1095 (2017) et Hamlet (2018) et chaque fois, elle met ses performeurs au défi de styles de jeu multiples qui peuvent se frotter et se heurter réciproquement. Dans sa nouvelle création, elle esquisse un portrait kaléidoscopique de Pieter Brueghel l'Ancien et de l'époque où il a peint Margot la Folle. La première mondiale a lieu le 6 décembre à la Toneelhuis. Needcompany coproduit.


Musique Guerre et Térébenthine

En 2017, Rombout Willems a composé la musique de Guerre et Térébenthine. Il sort aujourd'hui l'album Music for piano trio, magnifiquement interprété par Alain Franco au piano, George van Dam au violon et Simon Lenski au violoncelle. Bientôt disponible sur Spotify et iTunes.



Bienvenue

Nous accueillons de nouvelles collègues : Kasia Tórz et Melissa Thomas. Kasia rejoint l'équipe artistique et est responsable pour le développement et l'application de la politique artistique. Elle coordonnera aussi les projets existants et futurs de Needcompany au MILL. Melissa renforce notre maison d'artistes sur le plan des finances et de la production. Elle a acquis une expertise et des connaissances en finances au sein de uFund, notre partenaire actuel pour le Tax Shelter en Belgique.